« La mort de Roger Guimond est une tragédie »
La prison blâmée sévèrement
Daniel Renaud
Le Journal de Montréal
17/03/2006 05h37
« C’est inacceptable qu’on attende 1 h 17 avant d’ouvrir la porte d’un détenu qui est en détresse médicale. » Un enquêteur blâme sévèrement le pénitencier de Port-Cartier pour la mort de Roger Guimond, décédé dans une souffrante agonie en octobre 2002.
« La mort de Roger Guimond est une tragédie », écrit l’enquêteur correctionnel Howard Sapers dans une lettre adressée à la ministre de la Sécurité publique, Anne McLellan, le 13 octobre 2004.
Grâce à la Loi sur l’accès à l’information, le Journal a obtenu copie de plusieurs lettres et rapports qui dénoncent non seulement l’inaction des employés du pénitencier, mais aussi les autorités carcérales, qui auraient agi avec lenteur et tenté de minimiser l’affaire dans leur enquête.
Laissé à lui-même
En pleine crise d’épilepsie, haletant, l’écume aux lèvres, atteint de convulsions, Roger Guimond, 40 ans, a été laissé à lui-même durant 1 h 17 avant que les gardiens daignent enfin entrer dans sa cellule le 18 octobre 2002.
Retenu par le corps et les chevilles, le détenu en détresse a été déposé dans une autre cellule, à même le sol, où l’infirmier a attendu l’arrivée des ambulanciers, deux heures après le début de cette sordide affaire, pour lui donner les premiers soins.
Roger Guimond est finalement mort d’une asystolie quelques heures plus tard.
Inacceptable
Dans les documents obtenus par le Journal, l’enquêteur correctionnel du Canada critique vertement les services correctionnels, dont l’enquête sur ces événements met tout le blâme sur l’infirmier et blanchit les gardiens.
« Les soins de l’infirmier ont été absents mais je ne crois pas que toutes les réactions des employés de la prison ont été appropriées », écrit un enquêteur.
M. Sapers se dit également troublé par le fait que les services correctionnels ont attendu un an et demi après le décès tragique du détenu avant d’adopter une nouvelle politique d’urgences médicales.
Enfin, l’enquêteur dénonce le peu d’ouverture des services correctionnels, qui ont attendu un an et demi avant de contacter la famille, laquelle cherchait à obtenir un rapport et une copie vidéo des événements.
« Dans les circonstances, je trouve cette situation extrêmement suspecte et indéfendable », écrit-il.