Lors de sa conférence de presse du 19 mai 2008, Rachida DATI, Garde des sceaux, ministre de la justice, a fait connaître son intention de publier un décret qui entérine l’encellulement individuel dans les prisons. Cela devrait prendre effet au 13 juin 2008.
Une nouvelle fois, la ministre démontre sa méconnaissance des prisons qui dépendent directement des politiques pénales menées. Pour l’occasion, elle fait encore preuve d’une solide démagogie au travers d’un « coup politique » qui n’impressionne que les profanes.
Si par ce biais, la ministre entend réaliser les promesses du candidat SARKOZY, elle va faire « déchanter » nombre de détenus et placer un peu plus les personnels dans une situation délicate, d’affrontement, dès lors qu’ils ne pourront répondre aux nombreuses sollicitations. S’appuyer sur l’idée que les détenus, en grand nombre, préfèreront être à plusieurs en cellule est pour le moins hallucinant.
A nouveau, ce gouvernement tente de concilier des contraires : mener une politique pénale destructrice, d’incarcération massive de prévenus et de condamnés avec des peines de plus en plus longues et afficher une volonté d’amélioration des conditions de détention. La ministre se trompe et trompe lourdement les français.
Elle s’inscrit directement dans la filiation de son parrain en politique, Albin CHALANDON, qui dès 1986 avait déjà envisagé un plan de construction de 15000 nouvelles places, avec le même objectif affiché et qui a échoué en se fracassant sur une politique du tout carcéral : toutes ces nouvelles places ont été rapidement en surpopulation. De surcroît, tous les autres plans qui ont suivi, ont subi les mêmes effets.
La CGT pénitentiaire appelle la ministre à plus de mesure et de dialogue car les personnels vont devoir accompagner un projet qui va accentuer les désillusions et renforcer les confrontations entre les personnels et les détenus, personnels qui seront en incapacité de répondre aux différentes sollicitations.
Favorable à l’encellulement individuel, la CGT pénitentiaire affirme que celui-ci est possible si le gouvernement réoriente sa politique pénale qui doit être en faveur de l’exception d’incarcération pour les prévenus, des alternatives à l’incarcération, des aménagements de peine et s’il se penche sur la durée des peines prononcées. Tout le reste n’est que vieilles recettes politiciennes qui ont échoué et qui n’ont pas réglé la question de la surpopulation pénale.
En l’état, la CGT demande à la ministre de ne pas produire de décret avant d’avoir présenté une loi pénitentiaire ambitieuse qui permette l’exception carcérale, qui dote le service public pénitentiaire d’outils nécessaires à une efficacité maximale pour l’accomplissement des missions.
Montreuil, le 21 mai 2008