Le 25 avril 2012,
À la Direction et à la Juge d’Application des Peines,
En cette date, nous, détenus du centre de détention de Roanne,
entrons en lutte afin d’exiger que nos droits soient respectés et
entendus. Vous nous obligez à rester en cellule ou dans les
coursives le plus longtemps possible, là où il n’y a aucune
activité pour passer le temps. Vous nous escroquez avec les cantines
et les frais de télé de plus de 8 euros, par le biais de la société
Eurest. Vous ne respectez pas nos droits en matière de permissions
et de réductions de peine. Dans l’immédiat, nous vous informons de
nos revendications.
Sport
Nous exigeons l’accès libre au gymnase et aux salles de sport. C’est l’activité la plus demandée par les détenus.
Activités
Dans chaque aile, nous avons à disposition une salle
d’activités, constituée de quelques tables, chaises, aucune
activité proposée ! Nous exigeons des jeux de société, échecs,
dames, etc.
Nous exigeons aussi qu’il y ait plus d’activités culturelles et
sportives : tournois de foot, basket, volley, pêche, etc.
Nous exigeons une réunion socio-culturelle par mois avec des
détenu(e)s et des intervenants, afin d’élaborer des activités qui ne
nous soient pas imposées par l’administration pénitentiaire
(A.P.) ou le service socio-culturel.
Parloirs
Nous exigeons, comme le prévoit la loi européenne, que la mise à
nu des détenu(e)s lors des fouilles des parloirs soit retirée. Le
système de contrôle à l’entrée des parloirs est largement
suffisant pour garantir votre sécurité. Par conséquent, cette
fouille ne sert qu’à nous humilier et maintenir une pression
psychologique et physique sur nous ! Les rondes au parloir sont
aussi vécues comme une humiliation par nos familles et nous
réclamons l’arrêt des rondes. En cas de problème, nous avons un
interphone. Ce moyen de contrôle est abusif et conduit à une
humiliation de plus !
Nous exigeons enfin les accès libres au parloir pour nos familles
sans demande de permis de visite, et qu’en cas de retard, des familles
qui ont souvent fait des centaines de kilomètres soient acceptées à
l’entrée des parloirs et que la durée ne soit pas réduite.
Bâtiment
Nous exigeons que cesse immédiatement les mesures de quartier
semi-ouvert et fermé. Tous les étages doivent être ouverts, matin et
après-midi. Que l’on puisse circuler d’étage en étage, et de bâtiment
en bâtiment en journée, pendant les temps d’ouverture des
cellules. Les sèche-linge et machines à laver ne doivent pas être
enlevés plus d’une semaine en cas de problème. Nous vous rappelons
que tous n’ont pas la possibilité de sortir leur linge : pas de
famille, pas de parloir, pas d’argent, etc.
Nous exigeons la fermeture immédiate des quartiers d’isolement et
disciplinaire, et autres mesures spéciales, la fermeture du
prétoire [Sorte de tribunal (expéditif) interne à la prison,
mobilisé en cas d’incident, qui condamne les détenus à des sanctions
disciplinaires, comme le placement au quartier disciplinaire
(« mitard »)], qui crée plus de conflits qu’il n’en règle.
Cantines
[Cantine = système par lequel les prisonnier-e-s achètent des
produits (nourriture, produits d’hygiène, de loisirs…) Ils n’ont
pas le choix et doivent acheter (« cantiner ») auprès de sociétés
dont les prix sont exorbitants.]
Nous exigeons que la société Eurest soit remplacée par une société
qui proposerait des tarifs plus bas et pas deux à trois fois le prix
extérieur. Qu’il ne nous soit pas imposé un surplus de 30% sur les
cantines exceptionnelles, que nous ayions les prix extérieurs. Et
que les télévisions ne dépassent pas le prix de 8 euros. Nous
exigeons aussi des frigos plus grands ou que le prix soit vu à la
baisse.
Vie en détention
Abolition des travaux dégradants, des métiers non qualifiants et
disparus à l’extérieur, ainsi que des rémunérations assimilées
aux travaux forcés, droit aux arrêts maladie et droit aux congés
payés, droit de grève, droit à la retraite dans les mêmes conditions
qu’à l’extérieur, obligation pour l’A.P. d’assurer lors d’un
transfert un emploi équivalent dans les mêmes conditions,
dédommagement par l’État (frais d’hébergement ainsi que des
journées non-travaillées) pour les familles qui se rendent au
parloir à plus de 100 km de leur domicile, plus de formations
qualifiantes, téléphone gratuit pour les indigents, l’appel aux
employeurs et autres services administratifs.
Remises de peine
Nous exigeons que tous les détenu(e)s n’ayant aucun rapport et
remplissant les conditions de suivi socio-judiciaire bénéficient
de la totalité de leurs remises de peine et remises de peine
supplémentaire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Nous exigeons que les expertises psychiatriques soient abolies.
Nous, détenus de Roanne, exigeons d’être entendus et que nos droits soient respectés et ce dès aujourd’hui.
Lettre collective écrite et signée par tous les détenus en accord avec les revendications
Suite à la diffusion de cette lettre certain-e-s sont allé-e-s soutenir les prisonnier-e-s directement sur place Visite aux prisonnier-e-s de Roanne.