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Document original

Type : Word

Taille : 72 kio

Date : 31-10-2004

Concertina (avril 2004)

Mise en ligne : 5 novembre 2004

Texte de l'article :

PROJET D’ACTION CULTURELLE
EN MILIEU PENITENTIAIRE

entre les Subsistances
&
la Compagnie des Lumas
&
les établissements pénitentiaires
Saint Paul et Saint Joseph (Lyon)

LES SUBSISTANCES

Les nouvelles Subsistances sont un lieu d’expérimentation, de fabrication, de stimulation et de confrontation pour les artistes, en résidence sur le site, à moyen ou long terme. Elles sont un lieu où ils peuvent développer leur imaginaire et inventer leurs propres formes de réalisation.

L’idée d’un lieu de recherche et d’expérimentation doit être compatible avec celle d’ouverture à un large public : tout le monde doit pouvoir approcher les territoires artistiques d’aujourd’hui. Les Subsistances sont ce territoire ouvert où rencontrer des artistes au travail.

La relation avec les arts vivants ne consiste pas tant à juger, mais à vivre et éprouver. Il faut permettre aux spectateurs de redevenir actifs : provoquer en lieu et place du jugement, l’interrogation (qu’est-ce qui s’est passé et où), la compréhension, l’accueil, la disponibilité, le trouble et le plaisir.

Pour que le public puisse comprendre les enjeux de la culture aujourd’hui, il est important qu’il puisse être dans la proximité du travail « en train de se faire ». Parce qu’il s’agit pour nous d’impliquer les spectateurs dans la démarche des créateurs, nous avons imaginé, avec la Compagnie des Lumas, un projet d’atelier de pratique théâtrale pour les personnes détenues, autour du thème de l’intime et de l’enfermement, en lien avec la prochaine création de la Compagnie aux Subsistances.

LE PROJET

L’idée de ce projet est d’amener une circulation entre un lieu clos, un lieu d’enfermement qui est la prison, et un lieu ouvert qui est le théâtre mais dans lequel la Compagnie des Lumas travaillera sur l’enfermement. C’est de faire circuler des images et des émotions entre l’intérieur et l’extérieur par le biais du jeu théâtral et de l’outil vidéo.

Objectifs pour les détenus :
• Travailler sur la trace et s’interroger sur l’identité
• Créer une rencontre entre le réel et l’imaginaire
• Enclencher une recherche individuelle qui se fond dans un processus collectif
• Chercher un endroit de travail commun à tous où chacun a sa voix singulière

« Avec les détenus, ce qui nous intéresse est « d’ouvrir les portes ». Un acteur n’est qu’un être vivant qui entre en scène chargé de son histoire et de l’Histoire. Aussi, nous proposerons aux détenus d’effectuer le même voyage que les acteurs. A partir de son individu, de sa vie, transformer cette matière pour alimenter le comédien une fois sur le plateau, enfin transposer tout cela pour nourrir le personnage et le texte » Eric Massé

THEMES DE TRAVAIL

L’atelier se déroulera autour du retour d’un homme sur des lieux imaginaires ou véridiques de leur enfance, autour des retrouvailles avec des personnages ou des personnes qui ont marqué leur vie.

• LE JEU
Tout l’apprentissage théâtral se fera par le jeu : le terrain de jeu de l’acteur étant le même que celui de l’enfant qui joue à jouer, c’est un lieu de travail et de recherche qui affranchit chacun de sa peur d’être jugé. « Quand on joue, il n’y a pas de jugement d’appréciation ». Par extension, travail sur le thème du « mentir vrai » de l’acteur.

• LES TEXTES
Travail sur des textes contemporains et sur le choc immédiat qu’ils peuvent produire, choisir ensemble des fragments de théâtre, de roman, de film qui interrogent cette frontière entre enfance et monde adulte, passé et présent, liberté et enfermement.

• LE GROUPE
Travailler avec et sur le groupe, lui-même étant matière d’écriture qui rencontre et transforme une autre écriture, celle des textes.

• LA VIDEO
Ce sera le moyen par lequel il y aura retranscription hors les murs. Proposer aux détenus une banque d’images vidéo du monde extérieur, leur offrir la possibilité d’intervenir sur la pellicule, la transformer, la maquiller, la peindre...provoquer ainsi des réminiscences de leur passé et affirmer ainsi une identité artistique.
En parallèle, construire lors de l’atelier une banque d’images vidéo en réalisant un travail sur la notion d’anonymat et de non identification (utilisation de la fragmentation des corps, contre jour ...)
Utiliser ensuite toute cette matière lors de la création du spectacle en mai prochain, comme base de décor.

DEROULEMENT

Période d’atelier proposée : du 5 au 16 avril 2004.
Module de deux semaines à raison de 3 heures de pratique par jour.

• Une première rencontre la semaine précédent l’atelier sera organisée afin que la Compagnie rencontre les participants et leur expose le projet. Ils pourront à cette occasion consulter une banque d’images et sélectionner quelques vidéos sur lesquelles ils travailleront par la suite.

• Les deux semaines d’atelier se dérouleront comme suit :

Jour 1 Visualisation des images
Jours 2 à 8 Travail théâtral + travail sur les images vidéo
Jours 9 et 10 Présentations de 45mn des travaux réalisés + discussions / débat avec les détenus. Bilan.

LA COMPAGNIE DES LUMAS ...

rassemblée autour d’un projet artistique par une action citoyenne défendant une vision du théâtre et du public qu’elle interroge par le biais de l’écriture contemporaine.
Mobilisée pour un théâtre en prise directe avec le public, elle tente d’inventer de nouveaux rapports avec ce dernier en l’intégrant dans son processus de réflexion et de création.

Eric Massé
Metteur en scène et comédien formé au CNR de Bordeaux et à la Comédie de St Etienne. Il a travaillé sous la direction de Robert Cantarella, Roland Fichet, Daniel Girard... Depuis 1999, il participe à des créations atypiques en théâtre gestuel, théâtre d’intervention, cabaret, spectacle télévisuel ...Il crée au même moment avec Angélique Clairand la Compagnie des Lumas et entame une trilogie sur les Meurtrières Contemporaines au travers de textes contemporains. En 2001, il intègre l’Unité Nomade de Formation à la Mise en Scène au sein du CNSMAD où il travaille avec Jean-Pierre Vincent ou au festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence. Dans ses créations, il essaie d’inventer des rapports singuliers avec le public en l’intégrant dans ses espaces de jeu. Ses projets iconoclastes mêlent vidéastes, musiciens et comédiens, auteurs et compositeurs.
En mai 2004, il créera un spectacle aux Subsistances dans le cadre des Intranquilles sur le thème de l’Intimité et de l’enfermement.

Angélique Clairand
Comédienne et co-fondatrice de la Compagnie des Lumas, formée au CNR de Nantes et à la Comédie de St Etienne, elle a participé à l’Ecole des Maîtres sous la direction de Jacques Lassalle. Elle a travaillé avec Stanislas Nordey, Roland Fichet, Annie Lucas, Richard Brunel et joue dans la plupart des spectacles mis en scène par Eric Massé.

Gérald Groult
Vidéaste de la Compagnie. A été formé à l’Ecole de cinéma du Chili et a travaillé sur de nombreuses productions cinématographiques en tant que directeur de production ou assistant d’effets spéciaux. Collabore avec des groupes musicaux pour lesquels il réalise de nombreuses performances vidéo.

« Ce qui m’intéresse avec les détenus, c’est de pouvoir leur proposer la même chose que je propose à quiconque avec qui je travaille, amateurs ou professionnels et finalement, inventer avec eux un spectacle avec une adresse au public singulière. Ce n’est qu’une étape supplémentaire dans notre parcours, l’atelier avec des détenus va alimenter le spectacle que l’on créera en mai, on n’attend pas de choses quantifiables à la sortie mais de l’induction, que cet atelier nous induise sur des chemins de travail, des sensations et des sentiments. » Eric Massé

BUDGET PREVISIONNEL

3 intervenants : un metteur en scène, un comédienne et un vidéaste.

Dépenses TTC  
Interventions 5 573 € (53,36€ x 3 x 11 jours) 
Frais vidéo 1 608 € 
Transports/défraiements 3 629 € 
Interventions Subsistances/ 800 € (frais administratifs)
 
Recettes TTC 
SPIP 3 870 €
DRAC Rhône-Alpes 3 870 €
Les Subsistances 3 870 €

Total 11 610 €