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Transcription de l’émission de radio

Mise en ligne : 15 novembre 2004

Dernière modification : 6 novembre 2013

Texte de l'article :

Survivre au sida : Lecture d’un résumé du communiqué. Pour comprendre le fond de ces critiques, nous avons invité l’association Ban Public. Bonjour et bienvenue.
Ban Public : Bonjour. D’abord, je voudrai saluer 2 personnes qui sont incarcérées, peut être qu’elles écoutent l’émission, Kiou et Thierry et fêter une bonne fête aux musulmans pour le ramadan.
Rida : Pour commencer, avant d’entrer en matière avec notre invité, on va écouter, face à ces accusations livrées en vrac, la réaction de Jérôme Martin Président d’Act up Paris - de l’association qui est mis en cause - par téléphone ce matin. On écoute, on revient pour en parler après.

«  Rida : Ban Public vous accuse de dissimuler la situation sanitaire réelle en prison, que répond Act up Paris.
Jérôme : que c’est un mensonge, j’ai juste que ça à répondre, je vois vraiment pas... après on lit les brochures d’Act up, on regarde le site internet, on voit ce que l’on fait, j’ai pas plus répondre que cela là-dessus, c’est un mensonge.
Rida : Est-ce que vous avez refusé à Jean-Michel Treuvey qui est décédé le 26 avril dernier une demande de bénévolat qu’il aurait adressé à Act up Paris
Jérôme  : Non, parce que par ailleurs, enfin ...une demande de bénévolat... à l’époque Jean-Michel était en prison, et on a travaillé toujours avec Jean-Michel quand il était en prison, donc non.
Rida : Combien de détenus ou de familles de proches participe au Pôle suspension de peine ?
Jérôme : Euh des détenus ou des familles de proches, ça je ne sais pas, il faut que tu demandes au Pôle suspension de peine.
Rida : Est ce que vous avez exclus des personnes du Pôle suspension de peine, et si oui, pour quels motifs ?
Jérôme : Des gens dont le but est de venir nous menacer,
Rida  : c’est-à-dire ?
Jérôme : oui des gens de Ban Public, qui sont venus, nous leur avons dit que ce n’était pas à Act up de décider si il y avait le Pôle, si le Pôle suspension de peine les acceptait ou non, c’était le Pôle lui-même. Voilà c’est tout. Nous, on n’a pas à décider qui rentre au Pôle ou pas
Rida : Et qui finance l’activité du Pôle suspension de peine ? En clair, combien d’argent est ce que vous toucher au nom de ce travail ?
Jérôme  : Pardon ?
Rida : Combien d’argent touchez vous au nom de ce travail ?
Jérôme : Je ne comprends pas ce que tu me dis. Tu dis que l’on est entrain de recevoir de l’argent pour le Pôle suspension de peine ?
Rida : Qui finance l’activité du Pôle ?
Jérôme  : Bien, Mais... c’est une action de coordination, enfin... c’est... l’activité du pôle... c’est une subvention de bénévolat. Ensuite y’a une coordination d’activités et de laïcité Santé et Répression au sein d’Act up pour lequel on reçoit de l’argent de Sidaction notamment... mais y a juste pas d’argent pour le Pôle suspension de peine. Qu’est ce que ça veut dire ça ?
Rida : C’est Ensemble contre le sida qui vous finance, entre autre, est ce que les sous d’Ensemble contre le sida...
Jérôme : Juste deux secondes, ce n’est pas sur l’activité du Pôle de suspension de peine, enfin y faut arrêter avec ça... et que, par ailleurs, Ban Public utilise ce type d’argument alors qu’ils [membres de l’association] bossent à Sidaction, je trouve ça extrêmement malhonnête...
Rida  : Ban Public dit... vous accuse de Crime contre les prisonnier(e)s, ceci dans le but de conserver vos moyens financiers en vue de construire un monopole, réservé à une élite, dans la lutte contre le sida. Tu rejettes totalement ces accusations ? Alors pourquoi Ban Public rendrait public ce communiqué au vue de leurs actions en faveur des droits des détenu(e)s ?
Jérôme  : Parce ce qu’ils ont que ça à faire, parce que ça fait des années qu’ils préfèrent s’en prendre à des associations de lutte contre le sida plutôt que de s’en prendre aux vrais responsables de la prison. Ils viennent manifester, ils viennent menacer physiquement les militants d’Act up, on les a jamais vu manifester devant l’administration pénitentiaire, on les a jamais vu interpeller un ministre de la Justice, et donc voilà, ils ont que ça à faire, ils construisent leur identité comme ça... Tant mieux pour eux. »

Rida : Jérôme Martin qui réagit donc aux critiques de l’association Ban Public. Comme par hasard nous avons invité cette association qui est cité nommément par Jérôme Martin. Donc tout d’abord sa réaction aux propos de Jérôme Martin qui parle, qui qualifie votre communiqué de mensonge et qui vous cite nommément comme étant malhonnête par rapport à votre mis en cause sur l’argent et son utilisation par Act up Paris. Réactions ?
Ban Public : Il y a plusieurs réactions. D’abord, j’aimerai rappeler l’historique, parce que si on n’explique pas pourquoi on en est arrivé là, personne ne va comprendre ... Lors que je suis sorti de prison, en 1995, j’ai contacté l’OIP [1] pour créer un site internet. Ils ont refusé l’offre. Ils n’y comprenaient rien. Ils ne savaient pas ce que voulait dire internet. A l’époque, c’était le début d’internet en France dans les années 1995, donc j’ai continué mon bonhomme de chemin... Je suis allé dans les colloques, j’ai rencontré des militants, etc... J’ai fait un tour de table, notamment en proposant à des militants d’Act up d’entrer au Conseil d’administration pour mettre en place une association. Ca me paraissait évident de contacter Act up. Pour moi, c’était les plus virulent à l’époque qui contestait les méthodes gouvernementales, etc... Je me disais que c’était intéressant pour Ban Public sur les problématiques du Sida et des hépatites, d’avoir des spécialistes. On les a fait rentrer dans le conseil d’Administration. Très vite, ils ont pensé que Ban Public serait la vitrine soft des prisons pour Act up. Je leur ai rappelé que Ban Public était indépendant que cela soit politiquement ou financièrement. On a décliné l’offre d’Act up, à l’époque, d’entrer dans leurs locaux contre espèces sonnantes et trébuchantes, ce n’était pas gratuit. Il faut savoir quand même qu’ils ont utilisé un certain nombre de méthodes... notamment le trésorier d’Act Up, enfin à Ban public un militant d’Act up était trésorier. Je n’avais pas d’adresse à l’époque, donc le siège social était aussi chez un militant d’Act up. Donc je n’avais aucune maîtrise des comptes et du courrier reçu. Et je les soupçonne d’avoir fait circuler les courriers avant dans d’autres associations avant de me les remettre. Puisqu’à plusieurs reprises, ils me disaient mais cela doit être un courrier intéressant, alors que c’était un appel à l’aide de détenu. Ca leur paraissait intéressant, à l’époque, des appels à l’aide des détenu(e)s qui écrivaient à Ban Public. Ca pour les méthodes, je leur ai donc demandé de sortir de l’association. Ce qu’ils ont fait de manière irrespectueuse. Moi j’ai été extrêmement virulent à leur égard puisqu’ils utilisaient des méthodes de contrôle, d’entrisme. Ils m’avaient demandé... A l’époque, alors que j’avais interpellé l’OIP dans un colloque du parti communiste, ils s’étaient levé pour protester de mes protestations. Et donc ils m’avaient demandé par la suite, lors d’un conseil d’administration de Ban Public, de leur demander l’autorisation de m’exprimer en public. Evidemment me parler comme ça, c’était insupportable, ça a mené à des mots très durs à leur égard... Si je les avais menacé physiquement, je pense qu’ils ne s’en seraient jamais remis.. donc les menaces physique, je passe de côté. Les seules menaces que j’ai faite, c’est concernant Emmanuelle Cosse, à qui j’ai dit que c’était une « grosse pouffe », mais tout le monde le pense. J’ai dit tout haut, ce que tout le monde pense tout bas. Puisqu’à plusieurs reprises, on avait voulu créé un collectif avec plusieurs associations pour dénoncer les conditions carcérales de l’ensemble des détenu(e)s et qu’Act up, encore une fois, voulait contrôler ce collectif. Lorsque l’on faisait des réunions, quelques fois à Act up, ou dans un autre endroit - c’était rue Voltaire, je ne sais plus comment ça s’appelle - Emmanuelle Cosse arrivait en pleine réunion, c’est-à-dire quasiment en fin de réunion, venait dire Act up c’est comme ça ou rien du tout, et repartait après avoir vociféré.
Rida : C’est intéressant parce que nous avons exactement le même comportement de la même personne, pas uniquement elle, à notre égard à une époque où Act up pensait faire de nous sa caution immigrée.
Ban Public : Moi, j’ai refusé d’être l’alibi d’Act up comme ancien détenu, donc on a fait le ménage. Et on leur a demandé de partir. Par la suite, il faut quand même savoir, qu’à l’OIP, il y a un membre d’Act up même s’il dit qu’il n’est plus d’Act up qui s’appelle François Bes
Rida : Oui, que l’on connaît également
Ban Public : Donc quand j’attaquais l’OIP, j’attaquais Act up de toutes façons. C’est les mêmes personnes qui gèrent la plupart des associations. Parce qu’Act up n’est pas une association, c’est un parti politique qui a pour méthode l’entrisme et le contrôle des associations. Ils sont multi facettes. Ils veulent s’occuper des immigrés, ils veulent s’occuper des personnes incarcérées. Ce serait risible si Act up était une association de défense des nains de jardin. Là ce n’est pas le cas. On parle de personnes qui sont en train de mourir en détention. Et je pense que les méthodes qu’ils emploient, leurs silences, leur complicité et la collusion qu’il y a entre eux et le pouvoir est inacceptable. Quand ils disent « mensonge », on ne les attaquent pas sur les financements, parce qu’ils citent Sidaction, qu’est-ce que cela à avoir ? Moi je n’ai jamais cité Sidaction dans le communiqué.
Rida : Bien justement, si vous étiez, dans un premier temps, soutenu ou en partenariat avec Act up, vous partez et si c’est pour aller se loger à Sidaction et devenir la caution prison au sein du Sidaction, est ce que c’est forcément mieux ? Comment est ce que tu réagis à ça ?
Ban Public : Je voudrais juste terminer. Et je ne vais pas me défausser sur cette interpellation. On les a attaqué sur -comment dit-on - des compte-rendu de réunions où il est expressément écrit, qu’ils allaient demander pour financer le Pôle suspension de peine de largement au laboratoire Roche. Donc c’est clair, on les a attaqué là dessus. Donc on ne peut pas cracher dans la soupe. On ne les a attaqué sur aucun autre financement. Ensuite en ce qui concerne Sidaction, je ne vois pas ce que Sidaction a affaire là dedans, je suis effectivement...
Rida : Act up est membre du Conseil d’administration avec d’autres associations...
Ban Public : Je ne suis pas ... Ce n’est pas Act up mon patron. Je n’ai rien à voir avec eux. Je suis libre de mes propos. Personne sur cette terre - personne, aucun pouvoir, aucune menace qu’elle soit financière ou autre - ne m’interdira d’exprimer ma pensée. Ce soir, je ne suis pas venu pour Sidaction, je suis là en tant que membre de Ban Public et effectivement, je suis salarié de Sidaction. Mais il n’y a aucun lien entre moi et Sidaction, en dehors du fait que j’y suis salarié.
Rida  : D’accord
Ban Public : Effectivement, quand à Sidaction, il est nécessaire, je défends un certains nombres de positions sur les problématiques de santé en prison. Et pour moi, il n’y a aucune différence entre les prisonnier(e)s qu’ils soient d’origine maghrébine, français, chinois, religieux ou pas, je ne fais aucune différence. Quand je m’exprime sur les prisonnier(e)s, je ne vois pas ni une race, ni une religion, ni quoique ce soit. C’est clair !
Rida  : Alors une question sur ce communiqué de Ban Public, nous, ça fait des années que l’on entend des militants sincères critiques à l’égard du travail, qui dise qu’Act up fait n’importe quoi à l’égard de la prison, pourquoi avoir aujourd’hui - maintenant - rendu public ce que certains d’entre nous savent depuis très longtemps ?
Ban Public : Ce n’est pas maintenant - d’ailleurs je suis surpris - ce n’est pas maintenant que l’on commence à rendre public. Ca fait plusieurs années que l’on dénonce les méthodes des associations. Il se trouve qu’aujourd’hui on a la preuve, la preuve formelle, puisqu’on a une cassette vidéo - malheureusement on ne l’a pas encore numérisée - qui prouve qu’Act up a fait l’obstruction de l’entrée de Ban Public dans le Pôle suspension de peine sous prétexte au départ qu’il fallait signer une convention pour faire partie de ce Pôle suspension de peine. Et quand on a su, à la demande d’Antoine Lazarus - il nous a dit « je ne peux pas aller au pôle suspension de peine, est ce que vous pouvez y aller à ma place » - il nous a demandé d’y aller à sa place. Nous y sommes allé. Pas en tant que Ban Public, en tant que citoyens faisant parti de façon informel du groupe multiprofessionnels prison. On se rend... on communique sur la réunion puisque nous on considère que c’est une réunion publique, il n’y a rien à cacher, il n’y a pas de secret défense sur les problématiques Santé en prison. Et lorsque l’on a communiqué l’adresse, Act up a changé plusieurs fois le lieu de rencontre...
Rida : C’est un peu lamentable...
Ban Public : C’est véritablement lamentable. Et comme on a réussi à savoir effectivement où se trouvait la réunion, on est allé chez Act up de manière non violente. Lorsque l’on est entré - d’abord ils ne nous ont pas ouvert la porte, ils étaient forcés d’ouvrir puisqu’il y avait des membres d’associations qui arrivaient pour participer à la réunion -effectivement, j’ai repoussé la porte puisqu’ils m’ont balancé la porte à la figure. J’ai poussé la porte, je suis rentré. Ils disent qu’on est rentré de force, non ! Ils nous ont claqué la porte dessus, on a poussé, et on est arrivé d’une manière non violente. Mais ce qu’ils ne supportent pas, c’est que l’on a des images de ça. Et ils ont expliqué que n’ayant pas signé cette fameuse convention, qu’on a jamais vu d’ailleurs, on ne pouvait pas participer à cette réunion puisqu’il fallait l’aval de l’ensemble des membres. Il faut savoir qu’au moment où la réunion se faisait, ils ont annulé au moment où nous étions entré dans les locaux. Ils ont appelé tout le monde, et ils ont annulés purement et simplement cette réunion. Voilà les méthodes d’Act up, elles sont récurrentes, ils nous accusent de mensonges. On n’a pas besoin d’aller crier dans la rue, avec des slogans faire de la communication pour aider les familles. Nous, concrètement, lorsqu’un prisonnier nous écrit, on écrit un communiqué, on essaye d’aider sa famille, et on écrit aux ministères. On n’a pas besoin de crier dans la rue parce que l’on est pour des aides concrètes. Effectivement, cela sert aussi d’aller manifester. On est aller manifester plusieurs fois. D’ailleurs quand Jérôme Martin nous accuse de ne rien faire, au 1er décembre, à Beaubourg, depuis 2002, on est les seuls à tracter sur la place de Beaubourg ce jour là. On a diffusé, depuis 2002, à chaque fois, 2000 tracs sur des prisonniers incarcérés malades. Act up n’a jamais rien fait à ce moment là. Il n’y a qu’à voir le nombre de signatures qu’il y a sur le site pour dénoncer la situation des prisonniers malades et à ce moment là, à part déployer leur patch work, ils n’ont rien fait d’autres. Et je ne vois pas à aucun moment, lorsqu’il y a la journée mondiale contre le sida le 1er décembre à Beaubourg, des tracs dénonçant la situation carcérale des prisonniers malades. Dernière chose, là dessus, c’est qu’en 2002, décembre 2002, on a rencontré, justement, deux des fondateurs de Ban Public qui étaient à Act up, Serge Lastenet et Hugues Fisher, on leur a proposé une action pour dénoncer la situation des prisonniers malades. Ils nous ont dit « on ne fera rien, parce qu’on a plus personne pour nous aider ». Quelques temps après, ils créaient le Pôle suspension de peine, qui nous excluait de fait. Voilà la réalité. Ils peuvent continuer à dire que ce sont des propos mensongers. Il faut quand même savoir une autre méthode qu’Act up emploie depuis quelque temps, c’est « l’intimidation » en disant, en appelant à Sidaction - moi ils ne me l’ont jamais fait, parce que moi cela ne marche pas, parce que je suis radical, le jour où ils font ça, cela se passera très mal, et là effectivement cela sera une menace que j’exécuterai - ils ont appelé Charlotte sur son poste professionnel...
Rida  : Membre de Ban Public et Présidente.
Ban Public : Oui tout à fait. En disant, à Charlotte « de toutes façons, on connaît ton employeur ». Cela sous entendait que l’on pouvait faire pression sur l’employeur pour la faire licencier. Et aujourd’hui, quand Jérôme Martin met Sidaction sur la place publique, dans nos échanges...
Rida : En citant que vous êtes tous les deux salariés de Sidaction
Ban Public : Tout à fait, comme lui, il est membre du conseil d’administration, cela veut dire clairement : « je suis membre du conseil d’administration, je pourrai éventuellement... ». Mais ils peuvent continuer, ils peuvent employer ces méthodes, mais je pense que c’est un très grand risque pour eux.
Rida  : Merci à l’association Ban Public, on a entendu les deux côtés avec l’intervention de Jérôme Martin.

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Notes:

[1Observatoire International des Prisons