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Suicide d’un homme de 47 ans par pendaison

Mise en ligne : 4 mars 2005

Dernière modification : 2 avril

Texte de l'article :

Républivain lorrain du 1er mars
http://www2.republicain-lorrain.fr/article_sarreguemines.php?s=42241b4f9589c

FAITS DIVERS/centre de détention d’oermingen
Suicide d’un détenu et deux surveillants agressés
Le centre de détention d’OErmingen aura connu un mois de février
mouvementé.
En quinze jours, deux agressions contre des surveillants et un suicide
ont
troublé la quiétude habituelle de l’établissement.
>
Le centre de détention d’OErmingen n’a pas mauvaise réputation. Cadre
rural,
ouverture vers l’extérieur et absence de surpopulation carcérale font
de cet
établissement réservé aux longues peines une prison unanimement
considérée
comme modèle. Le centre vient pourtant de connaître un mois de février
difficile, avec deux agressions de surveillants et le suicide d’un
détenu.
"Il s’agit de trois incidents qui n’ont rien à voir les uns avec les
autres>, prévient d’emblée la directrice, Sophie Bleuet. Le premier
incident
est survenu le 15 février, quand un détenu s’en est violemment pris à
un
surveillant. Pour un motif futile, souhaitant qu’il lui remette son
paquet
de cigarettes. En réalité, le détenu aurait été pris d’un accès de
démence.
"Ce fut une crise complètement imprévisible et très violente>, note
Sophie
Bleuet. En lui assénant plusieurs coups de poing, le détenu a causé au
surveillant des blessures au visage et au crâne.

Suicide par pendaison

Après une interruption totale de travail de 5 jours, le fonctionnaire
n’a toujours
pas repris le travail. "Notre collègue reste très marqué par cette
agression, tant physiquement que psychologiquement>, indique Christian
Fischer, délégué régional CGT. Quant à l’agresseur, il a été reconnu
pénalement irresponsable par le Tribunal de Saverne et transféré au
Centre
hospitalier spécialisé de Brumath. "À l’image de ce détenu, il y a en
prison
des gens qui n’ont rien à y faire et devraient être placés en hôpital
psychiatrique>, regrette Christian Fischer, en reprenant les
conclusions
d’un récent colloque national à Nancy.

Vendredi dernier, la série noire continue : les surveillants découvrent
un détenu, un père de famille
d’origine turque âgé de 47 ans, pendu dans sa cellule.

L’homme avait déjà
tenté d’attenter à ses jours il y a un peu plus d’un an, mais un
surveillant
était intervenu à temps. Il bénéficiait pourtant d’une surveillance
spéciale. En pure perte. "Il est difficile d’empêcher une personne
déterminée de passer à l’acte. Ce suicide ne remet pas en cause le
fonctionnement de l’établissement>, remarque Sophie Bleuet. "Ce détenu
n’était pas abandonné dans son coin, loin de là. Tout le monde a fait
son
travail, mais on ne peut pas mettre un surveillant derrière chaque
porte>,
ajoute Denis Gotti, délégué régional FO. L’homme n’ayant laissé ni
lettre,
ni justification derrière lui, les raisons de son suicide restent
obscures.
Son emprisonnement prenait fin en décembre, mais il avait aussi été
condamné
à une peine d’interdiction du territoire. Le décès accidentel de son
fils,
survenu récemment, l’aurait peut-être poussé à mettre fin à ses jours.
Alcool "fait maison" Enfin, la deuxième agression est survenue samedi
soir
lorsque deux détenus s’en sont pris à un surveillant lors de la
distribution
des repas. Sous l’emprise de l’alcool, puisque les prisonniers étaient
visiblement en état d’ébriété. Si l’alcool est interdit en prison, des
détenus parviennent à en produire de façon artisanale, en laissant
fermenter
un mélange de jus de fruit, de mie de pain et de sucre. "Ils étaient
tellement ivres qu’ils ne se sont pas rendus compte de ce qu’ils
faisaient>,
note Sophie Bleuet. Un surveillant aurait reçu des coups au visage et
dans
les côtes, et un deuxième, venu à son secours, aurait été blessé au
pouce.
Les surveillants, aidés -c’est assez rare pour être souligné-, par des
détenus, ont finalement réussi à maîtriser les deux agresseurs. Ces
derniers
devront répondre de leurs actes devant la justice, une enquête de
gendarmerie est en cours. Du côté syndical, on remarque que cette
agression
aurait pu être évitée. "Cela aurait pu arriver n’importe où. Le manque
de
moyens humains est un problème qui concerne tout le système
pénitentiaire
français. À Oermingen, il n’y a qu’un surveillant par étage d’une
cinquantaine de détenus : c’est insuffisant>, avance Christian Fischer.
Cela
pourrait s’aggraver : "Le centre de détention est appelé à s’agrandir.
Des
travaux devraient être lancés prochainement, qui y ajouteraient 130
places
supplémentaires. Or, il n’y a que 10 créations de postes de
surveillants
prévues. On va au-devant de nouveaux problèmes", conclut Denis Gotti.