Publié le mardi 7 août 2007 | https://banpublic.org/2007-no3-kamo-a-propos-de-la/ A PROPOS DE LA PETITION : Il n’est pas trop tard pour suspendre le projet de création des UHSA HÔPITAUX-PRISONS : LE REMÈDE SERA PIRE QUE LE MAL Il n’est pas trop tard pour suspendre le projet de création des UHSA Les services de psychiatrie générale sont en grande difficulté pour prendre en charge les malades difficiles et violents (fermeture des lits, baisse de la démographie médicale, réduction des effectifs). Faute de structures de soins adaptées, l’hôpital laisse à la rue ces sujets jusqu’à ce que leurs symptômes les fassent basculer dans la criminalité ou la délinquance et les amènent en prison. La prison, devint alors l’ultime institution, capable de les recevoir. Elle prend le relais de l’asile pour devenir le lieu de la relégation psychiatrique. Un projet surdimensionné et coûteux Pour répondre à ces problèmes, la loi Perben II, votée en septembre 2002, instaure des Unités Hospitalières Spécialement Aménagées (UHSA). Il s’agit d’implanter dans l’enceinte des hôpitaux de nouvelles structures de soins sécurisées par l’administration pénitentiaire et réservées à l’hospitalisation des détenus présentant des troubles psychiatriques. Dans le contexte actuel de fermeture des lits de psychiatrie, ce projet qui prévoit la création à terme de 700 lits pour une population de 60 000 détenus, est largement surdimensionné puisque les normes habituelles de l’offre publique de soin, dans les secteurs de psychiatrie générale, ne dépassent pas 25 à 30 lits pour 70 000 habitants. Son coût (50 M€ en investissement et 100 M€ par an en fonctionnement) va geler durablement toute possibilité de création nouvelle, alors même qu’il ne répond pas aux besoins de sécurité des services de psychiatrie de secteur face à la violence des patients « non détenus ». Un projet ambigu au regard de l’éthique Un hôpital ne peut pas être une prison, pas plus qu’une prison ne peut être un hôpital. Pour la simple raison que les détenus purgent une peine à laquelle ils ont été condamnés et que les malades reçoivent les soins imposés par leur pathologie. Lorsque les détenus sont malades, ils doivent pouvoir recevoir des soins dans des unités dont la sécurité procède du soin (comme cela se passe dans les UMD) et non d’une surveillance pénitentiaire. Lorsque l’état dangereux est le symptôme d’une maladie mentale, le soin sous contrainte relève de la seule responsabilité médicale hospitalière qui ne doit pas dépendre d’une sécurité périphérique pénitentiaire. Quant aux malades dangereux et violents, il est préférable qu’une réponse soignante sécurisée puisse être organisée dans des structures médicales adaptées, avant qu’un passage à l’acte dramatique ne risque de les amener en prison. Un formidable effort dans la mauvaise direction Ainsi, l’important budget prévu pour les UHSA, convenablement redéployé, permettrait de suppléer aux 400 places d’UMD notoirement insuffisantes. Il suffirait que les unités prévues soient totalement indépendantes de l’administration pénitentiaire et qu’elles puissent recevoir dans de bonnes conditions de qualité, de sécurité et de proximité, tous les patients, détenus ou non, présentant un état dangereux et pour lesquels les services de secteur ne sont pas suffisamment contenants. À l’inverse, l’ouverture de 700 lits d’UHSA réservés aux seuls détenus n’inscrira aucun lit sécurisé supplémentaire dans l’offre générale de soins de la psychiatrie publique. Elle maintiendra les psychiatres dans leur impossibilité à prendre en charge les états dangereux et la violence des malades difficiles. Ceux-là, à court ou moyen terme, se retrouveront en prison. Le consensus affiché en faveur du projet UHSA est un consensus hétéroclite qui procède le plus souvent d’analyses divergentes qu’il conviendrait d’analyser. Il en est encore temps. Pour notre part, nous sommes convaincus que l’ouverture de ces hôpitaux prisons pervertira pour des décennies l’exercice des soins psychiatriques en milieu carcéral et, au-delà, l’équilibre fragile entre responsabilité et irresponsabilité pénale. C’est l’éthique des soins sans consentement et de la psychiatrie en milieu carcéral qui est menacée. Nous vous proposons de nous rejoindre en alertant les pouvoirs publics, en diffusant cet argumentaire et... en signant la pétition : [1] SMPR:Service Médico-Psychologique Régional [2] UCSA : Unité de Consultations et de Soins Ambulatoires [3] UMD : Unité pour Malades Difficiles |