Publié le jeudi 2 juin 2005 | https://banpublic.org/mise-en-danger-de-la-sante-d/ Mise en danger de la santé d’autrui... Par ce texte relatant point par point ce qui m’est arrivé ces dernières semaines, j’aimerai vous démontrer comment l’on traite les malades du sida dans les prisons françaises et, en même temps vous signaler les dysfonctionnements et les dérives que nous pouvons vivre à la centrale de Moulins Yzeure sous l’autorité de M. WILLEMOT, exemple type du directeur abusant dangereusement de son pouvoir. En effet, le 28 avril 2005, je passe au prétoire (commission disciplinaire) pour deux rapports d’incidents survenus aux parloirs quelques semaines auparavant. Je prends quinze jours de sursis pour l’un et quinze autres jours dont sept fermes pour l’autre. Les deux peines sont confondues, j’écope de sept jours de quartier disciplinaire. Le 29 avril, le médecin repasse et me confirme que le certificat médical est remis à la direction par l’intermédiaire de M. DELON, surveillant chef. Un premier surveillant vient donc me proposer ce placement au quartier d’isolement (Q.I.) que je refuse puisque, j’en suis déjà sorti pour des raisons médicales il y a quelques mois et, que mon état de santé n’a pas évolué depuis. Le samedi 30 avril, je fais venir le médecin de garde qui, établira un nouveau certificat contre ma présence au "mitard". Le 3 mai je dois passer au prétoire, mon avocat n’étant pas présent, je refuse de comparaître, sentence, huit jours supplémentaires. On peut se demander pourquoi cette nouvelle peine compte tenu des certificats médicaux contre indiquant mon placement en ces lieux. Le mercredi 4 mai, le Dr THEVENET me rend visite et, établira deux nouveaux certificats médicaux indiquant clairement que mon état de santé est incompatible avec ces deux régimes de détention. La direction est avisée de ces deux certificats. Dans l’après midi un premier surveillant viendra me proposer deux solutions, le placement au quartier d’isolement ou, un retour en détention mais à un autre étage. Je refuse bien entendu le placement au Q.I. ainsi que le retour en détention car je n’ai pas à subir un changement de cellule, sorte de nouvelle punition déguisée. J’ai deux certificats qui annulent la sanction disciplinaire au Q.D. et mon placement au Q.I. ( même si pour l’isolement il ne s’agit que d’un avis médical ), je demande donc à retourner dans ma cellule d’origine, cela m’est refusé et deux nouveaux rapports d’incidents me sont signifiés. Le vendredi 6 mai, je revois le Dr THEVENET et les infirmières qui sont atterrées par le comportement de la direction. Le mercredi 11 mai, ma peine de "mitard" se termine et je suis immédiatement placé au quartier d’isolement. Je finis par accepter car je dois absolument téléphoner à mon épouse qui doit subir une intervention chirurgicale assez lourde. Le jeudi 12 mai, je suis affecté dans une autre cellule à un autre étage et reçois mon paquetage. Dans les conclusions de la commission de discipline, je trouverai cette phrase vraiment faite pour se couvrir d’éventuelles poursuites judiciaires et qui ne manque pas de culot après la lutte que j’ai mené pour ne pas accepter le Q.D. et Q.I. et les divers certificats médicaux établis par les médecins : C’est une manière invraisemblable d’inverser la situation et de me rendre responsable des décisions prisent par M. WILLEMOT et les diverses commissions de discipline, qui m’ont sanctionné contre avis médical, pour des refus de placement en isolement. Au vu de tous ces éléments, j’affirme que M. WILLEMOT a exercé un abus de pouvoir à mon encontre en utilisant tous les moyens répressifs mis à sa disposition et, ceci au détriment de mon état de santé. Ce qui constitue un délit, à savoir : La mise en danger de la santé d’autrui. On ne peut ignorer aujourd’hui que de telles situations de stress, de placement en quartier disciplinaire ou d’isolement ont des effets désastreux sur les défenses immunitaires d’un malade du SIDA, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai obtenu des certificats médicaux. A l’extérieur, on n’imagine même pas que l’on puisse agir ainsi avec un malade. Il est important d’expliquer la situation que je peux vivre, ceci afin de démontrer que mes droits sont bafoués, que mon état de santé peut être remis en cause à tout moment, ceci au bon vouloir d’un directeur de prison. C’est une nouvelle fois la preuve que le maintien des détenu(e)s séropositif(ve)s, en phase Sida ou gravement malades est une injustice manifeste. * Laurent JACQUA Président d’honneur de l’association BAN PUBLIC Cette lettre et vos réponses seront publiées sur le portail d’informations www.prison.eu.org (portail d’informations de l’Association Ban Public) qui reçoit 45.000 visites par mois. |