Publié le vendredi 8 août 2003 | https://banpublic.org/comment-monter-un-projet/ 1) Contexte :
Les projets artistiques et culturels sont proposés aux détenus par les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation des établissements (SPIP). Entre autres tâches (le suivi individuel des détenus est la plus lourde - jusqu’à 200 dossiers par personne) les Conseillers d’Insertion et de Probation (dits travailleurs sociaux), fonctionnaires de l’Administration Pénitentiaire coordonnent les activités au sein de ces services. 2) Structure du projet :
Une note d’intention, un contenu, un budget.
Elle doit porter l’authenticité de la démarche artistique et humaine. Bien que la volonté réelle de l’Administration Pénitentiare (AP) soit d’occuper les détenus en favorisant (au mieux) le développement personnel, certains SPIP sont sensibles à l’ouverture des projets culturels sur l’extérieur (entrée du public pour des spectacles, captations vidéo, édition de travaux d’écriture, expositions de travaux plastiques, etc.) et à leur inscription dans leur mission d’Insertion (tissage de liens entre les détenus et l’extérieur, mise en perspective avec des formations, des emplois, etc.). Quittant les lieux communs compassionnels, évitant les contresens messianiques, les projets riches, sincères et réfléchis alimentent une force de progrès indispensable pour toutes les parties en présence.
Il doit anticiper au maximum la progression pratique du travail. Tout ce qui se décide au dernier moment est contradictoire avec le fonctionnement des établissements pénitentiaires. Ainsi, la captation vidéo d’un travail doit être prévue dès le départ (les autorisations sont longues à obtenir), l’entrée d’un public doit être annoncée depuis le début et la liste des invités produite à temps (un contrôle du casier judiciaire est opéré sur chacun), le matériel envisagé doit être détaillé, et ainsi de suite.
Il doit être détaillé en charges et produits (Ministère de la Culture, Minstère de la Justice, Etablissements, etc.) A qui proposer le projet ?Au niveau régional
Les chargés de mission culture/justice sont chargés de mettre en place une programmation culturelle dans les établissements dans le cadre du partenariat Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) / Direction Régionale des Services Pénitentiaires (DRSP). Ils constituent un observatoire privilégié des activités culturelles en détention au niveau régional et une force de proposition. AGENCE CBA AQUITAINE
4, rue du Contrat Social 76000 ROUEN • Les conseillers DRAC chargés du protocole Culture Justice. Au niveau départemental
• Les DSPIP ( Directeurs des Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation) http://www.annuaires.justice.gouv.f... Au niveau local
Les SPIP des établissements. ou http://www.annuaires.justice.gouv.f... 3) A savoir
Les projets artistiques et culturels se développent différemment dans les Maisons d’Arrêt et les Centres de Peines. Les 117 Maisons d’Arrêt accueillent les prévenus, les condamnés à de courtes peines et les personnes en transfert. Au delà du surpeuplement carcéral qu’elles concentrent, elles réunissent tous les handicaps qui s’opposent au développement des activités culturelles : Peu de locaux, priorité à la sécurité et à l’occupationnel ; discipline radicale, stress et douleur des personnes (à 3 ou 4 par cellule 22 heures sur 24), instabilité des groupes (absences liées aux parloirs avocat ou famille, transferts, libérations, etc), impossibilité de communiquer avec les participants en dehors des stricts temps de travail dans les salles, ouverture sur l’extérieur minimale (public, filmage) Les 55 centres de peines reçoivent les condamnés dans des conditions de circulation et de contrainte moins sévères. Les activités artistiques peuvent mieux s’y développer et produire des fruits dans la durée au niveau individuel et collectif, à l’intérieur et vers l’extérieur, pour peu que l’on ait compris les enjeux de son engagement d’artiste en détention. Intervenir en détention est un privilège humain et social. On reçoit en prison, concentré de cultures et de savoirs, autant et souvent plus, que tout ce que l’on penserait naïvement y apporter. Accepter d’ouvrir les yeux et de transmettre simplement à l’extérieur cette vérité fondamentale, à la fois par l’objet artistique, par le témoignage, et par la fidélité aux rencontres faites, permet de dépasser un colportage édonistique des mythes et fantasmes qui conforte le contrôle social. |