MAH de Nantes
La CGT - L’UFAP - FO - La FSU
Nantes Maison d’Arrêt :
L’indignité à deux pas de chez vous !
Depuis maintenant des mois, le nombre des détenus incarcérés à la Maison d’Arrêt Hommes de Nantes oscille entre 410 et 425 pour 291 places.
Cette situation place la MAH de Nantes comme une des plus surpeuplées et des plus indignes en France puisque dans 14 m², sont détenues 5 ou 6 personnes (trois détenus dans des lits superposés et deux matelas par terre par exemple). 60 détenus y dorment à même le sol.
Ces conditions de détention pèsent gravement sur notre travail et sur le sens donné à une peine. Comment réinsérer un individu en le plaçant dans une telle situation de promiscuité qui conduit à la haine, au racket, aux sévices entre codétenus… C’est l’échec patent d’un système qui se veut sécuritaire et qui pourtant conduit à générer 70% de récidives.
Les discours musclés n’impressionnent que ceux qui méconnaissent la réalité des coursives !
La politique pénale est un échec car les deux missions de l’Administration Pénitentiaire que sont la garde et la réinsertion, ne peuvent plus être tenues dans des conditions d’efficacité et de respect des droits de l’homme. Les personnels en action ne rejettent pas la peine de prison. Ils s’interrogent sur l’efficacité et le sens donné à ces multiples incarcérations, qui parfois concernent des affaires jugées 3 ans auparavant, et qui conduisent de 1 à 6 mois de prison au détriment d’alternatives à l’incarcération.
Dans un tel contexte, les effectifs étriqués des personnels de toutes catégories conduisent chaque service à travailler dans l’urgence. Les personnels de surveillance passent leurs journées à faire de l’abattage et à gérer les conflits, les problèmes de cohabitation, les rixes, les tabassages, les insultes…et tout cela pour un seul Week-end/mois de repos et des congés en été tous les deux ans. Les services administratifs (4 agents) sont submergés, le dépannage social a pris la place d’un travail social de qualité, les personnels techniques (3 agents) font dans le replâtrage.
Enfin, la fermeture de cet établissement, annoncée par Mme LEBRANCHU lors de sa venue, n’est plus d’actualité.
Toutes ces questions sont portées maintenant depuis trois ans par les personnels de la MAH. Le mépris, le cynisme et l’indifférence ont été les seules réponses. C’est la traduction d’un ras-le-bol profond et d’un épuisement moral professionnel inacceptable.
Bien que placés sous statut spécial, c’est ce qui nous amène aujourd’hui à passer à l’action pour plus de considération et de négociation sur nos revendications : création d’emplois nouveaux et compensation de la RTT, une politique pénale réorientée et fermeture de la MAH avec ouverture d’un site nouveau.
Nantes, le 19/02/2004